(Article de la voix du nord 13.11.2004)
Les deux chalutiers hauturiers accumulaient les déficits depuis plus d'un an
Après le « Cap-Sainte-Anne », la mort du « Dogger-Bank »
«Pour maintenir le cap, on réduit la toile dans la tempête pour ne pas se planter dans la côte. » L'image employée par Patrice Leduc, de Nord-Pêcheries, est claire. C'est ainsi qu'il justifie la mort annoncée d'un de ses chalutiers. Le Dogger-Bank vient de quitter le port de Boulogne pour sa dernière pêche en mer du Nord. A son retour, il ira rejoindre au cimetière son ex-concurrent des éta-blissements Le Garrec, le Cap-Sainte-Anne, désarmé il y a de cela trois semaines.
Pour l'heure, seuls les surgélateurs continuent le métier du lieu noir: «Pour la pêche fraîche, tous les paramètres sont au rouge. Nous y retournerons quand les conditions le permettront », explique Jean-Marc Le Garrec. La crise touche le lieu noir depuis plus d'un an. «Il était à la vente environ 1 € il y a trois-quatre ans. Aujourd'hui, il est à 0,70 €, soit une baisse de 30 %. » A cela s'ajoute l'augmentation du prix du gasoil, des charges en général, le coût des dockers, le récent conflit... «Tout va dans le mauvais sens. »
Les quotas imposés par la commission européenne sont, et c'est paradoxal, trop importants.
«Nous avons réclamé, si ce n'est le statu quo, une baisse de ces quotas pour cette année, insiste Patrice Leduc.Ils les ont augmentés de 15 %. » Et les prix du marché sont tombés d'autant en un an. Trop de lieu noir «alors que l'espèce n'est pas aussi abondante que les experts européens le disent », confirme le PDG de l'armement Le Garrec.
Le Cap-Sainte-Anne et le Dogger-Bank n'étaient donc plus assez rentables. Difficile pour les armateurs de conserver ces deux chalutiers hauturiers dans de tel-les conditions.

Le "Cap sainte anne" ici en 1983 en train de transvider le hareng directement sur le bateau usine soviétique " Aleksey-Khlobyston" au large de Boulogne sur mer

Dix-huit membres d'équipage sur chaque bateau pour lesquels les solutions de reclassement sont étudiées.Le métier du Nord n'est pas terminé pour autant. Patrice Leduc et Jean-Marc Le Garrec attendent les nouveaux quotas avant de modifier la flotte et de déplacer un des six chalutiers de bases avancées pêchant en Ouest Ecosse, pour le lieu noir. Quand le Dogger-Bank quittera le port définitivement, il ne restera que neuf chalutiers dont trois surgélateurs.
L. R.


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