Nous étions en hiver et une bonne brise de suroît nous
accompagnait, le navire roulait bord-sur-bord.
La première nuit se passe, ponctuée par les prises de
quart à la passerelle et à la machine.
Au petit matin, j’étais en train de boire mon café
tranquillement dans ma cabine qui est attenante à la passerelle,
quand soudain P.A surgit ; affolé et dit " le …le
cui… sinier s’est pendu vite …venez." Moment
de stupeur…. et puis cavalcade dans les coursives.
Nous arrivons à la cabine du cuisinier, en ouvrant la porte
il y a quelque chose qui gène, je passe la main derrière
le battant et je sens une jambe, j’ouvre la porte en forçant
un peu, et je vois le cuisinier
Assis dans sa couchette, le regard embué de sommeil et qui
dit « Qu ‘est-ce qu’y s'passe ?
Ben oui c’est m’gambe »
Je jette un œil sur la porte et je vois accroché à
la patère du porte-manteau, le pantalon bleu du cuisinier avec
fixée sur un côté une prothèse de jambe
qui se balançait au roulis…..
Comme nous ne connaissions pas G.V le cuistot nous ignorions qu’il
était unijambiste….
P.A en ouvrant la porte voyant la jambe avec la chaussure qui allait
et venait de bâbord vers tribord sous le roulis du navire en
a aussitôt déduit que le cuisinier s’était
envoyé ad-patres. On a bien ri ensuite dans les coursives.
Les surnoms sont vite donnés à la pêche, et le
cuisinier a récolté celui de « Jambe de laine
»
Votre honorable correspondant